La corruption est un problème en zone euro, selon Transparency
L’ONG Transparency International a jugé « décevant » le niveau de corruption en zone euro, notamment parmi les pays les plus affectés par la crise comme la Grèce et Italie, dans son rapport annuel publié mercredi.
Au sein du classement de l’organisation qui mesure chaque année la perception de la corruption dans le monde, ces deux pays pointent respectivement à la 72e et 94e place sur 176 Etats évalués.
Ils recueillent seulement 42 et 36 points sur une échelle graduée de 0 (corruption perçue la plus forte) à 100 (corruption perçue très faible). L’Italie affiche ainsi un niveau proche de la Tunisie (41 points), tandis que la Grèce égale celui de la Colombie et Djibouti.
L’organisation basée à Berlin constate que « la corruption continue de faire des ravages dans les sociétés partout dans le monde. Parmi (les pays) qui déçoivent figurent les pays de la zone euro les plus affectés par la crise économique et financière ».
« Dans les pays où la crise sévit le plus comme l’Italie et la Grèce, la corruption dans le secteur public est un problème majeur », a expliqué à l’AFP Cobus de Swardt, un porte-parole de Transparency.
Le niveau de la Grèce, qui a perdu 14 places depuis le classement de l’an dernier, « n’est pas bon du tout », a reconnu M. de Swardt, mais il faut y voir une « sonnette d’alarme » adressée à l’intention du gouvernement grec, selon lui.
Pour Transparency, « la lutte contre la corruption est l’une des clés pour sortir la Grèce de la crise ».
Parmi les pays récemment frappés par la crise de la dette, l’Irlande (25e), l’Espagne (30e) et le Portugal (33e) obtiennent des scores supérieurs à 60 points.
Moins durement touchées, l’Allemagne et la France se classent respectivement 13e et 22e, avec des notes supérieures à 70.
« L’un des principaux problèmes dans ces deux pays sont les rapports entre le monde politique et les affaires », a expliqué le porte-parole qui relève l’existence de groupes d’intérêts, une culture du secret, un faible niveau de régulation, et le financement des partis qui concerne plus particulièrement l’Allemagne.
Danemark, Finlande et Nouvelle-Zélande se partagent la première place des pays les plus vertueux avec des scores de 90. Japon et Royaume-Uni se classent 17e ex-aequo, juste devant les Etats-Unis qui sont 19e.
Deux tiers des 176 pays évalués obtiennent des scores inférieurs à 50 points. Les pays du « printemps arabe » — Tunisie, Egypte, Lybie notamment — affichent des scores inférieurs ou à peine supérieurs à 40 points.
Dans ces pays « les nouveaux dirigeants n’ont jusqu’à présent pas répondu dans les faits aux demandes des citoyens de plus de transparence », a expliqué M. de Swardt.
L’Afghanistan, la Corée du Nord et la Somalie occupent ex-aequo la 174e et dernière place du tableau avec seulement 8 points.
La Russie (133e), avec un score de 28 points, figure toujours parmi les pays les plus corrompus au monde selon Transparency, mais a une nouvelle fois amélioré légèrement son rang en gagnant 10 places depuis le précédent rapport.
Pour construire son classement, qui ne reflète que la perception de la corruption, l’ONG s’appuie sur des données collectées par 13 institutions internationales, parmi lesquelles la Banque mondiale, les banques asiatique et africaine de développement ou encore le Forum économique mondial.
« Après une année au cours de laquelle la lutte contre la corruption a été privilégiée, nous attendons des gouvernements qu’ils durcissent leur position à l’égard de l’abus de pouvoir », a expliqué Huguette Labelle, présidente de l’organisation.
Par Laurent GESLIN